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25 chf / 20 chf réduit (selon votre appréciation).
Vous découvriez comment ça marche, une méthode simple et pratique, des astuces et une feuille de route pour démarrer en toute confiance.
N’hésitez-pas à me contacter si vous êtes intéressé(e).
Dans la région de Lausanne, Genève, Yverdon, Vevey.
Qu’est-ce que le freeflow / flux libre instinctif ?
Un moyen doux et naturel pour vivre ses règles autrement. C’est une méthode d’observation et d’anticipation efficace et qui nous apporte souvent une grande fierté, une sécurité, confiance en notre corps, ou tout simplement des connaissances sur le corps féminin !
C’est aussi moins de lessive et plus de temps libre pour se reposer (et oui, les règles c’est aussi pour ça il paraît !)
A la base, avoir ses règles, c’est gratuit.
Lorsque l’on s’est fait attrapper par les protections jetables depuis son adolescence (si tu née dans les années 90 tu sais de quoi je parle), on doit payer chaque mois ses protections et on finit par se dire que oui c’est cher. Dans ces circonstances, on constate aussi que oui il y a une forme d’inégalité pour les femmes et une grande précarité menstruelle dans le monde.
En pratique, ces protections sont produites par 4 grandes multinationales qui se partagent 3 milliards de dollars de bénéfices annuel sur les protections menstruelles, et même si elles font parfois des « cadeaux » ou semblent vouloir lutter contre la précarité menstruelle, en fait ces firmes vivent de cette situtation et ces 3 milliards de dollars, c’est notre argent.
Il est normal qu’un produit jetable soit cher, il coûte du travail et des ressources à être produit puis à être éliminé proprement. C’est donc un coût pour les personnes et pour l’environnement. Demander aux gouvernements de financer plus de protections jetables – avec nos impôts distribués aux multinationales – n’est peut-être pas la solution, d’autant que ces protections ne sont pas forcément bonnes pour la santé, pour l’autonomie personnelle et pour le moral.
Ce que l’on peut attendre des gouvernements, ce sont plus de toilettes publiques accessibles, avec une douchette WC, des services pour nettoyer les serviettes jetables pour les femmes SDF qui sont les premières victimes de la précarité menstruelle et peut-être d’autres idées menant à plus d’autonomie et soutenant le commerce local.
Face aux défauts des protections jetables, les alternatives deviennent de plus en plus populaires, les tampons ne font plus que 5% de part de marché, la cup ou coupe menstruelle ayant largement pris le dessus, les grosses firmes sortent leur propre cup. Les serviettes, culottes et strings menstruels lavables sont aussi de plus en plus à la mode. Enfin, le flux libre instinctif, ou free flow, ou continence menstruelle, vient compléter les solutions lavables, afin d’avoir de moins en moins de lessives à faire.
Devenir autonome, c’est pouvoir faire soi-même ou réparer soi-même. Vous pouvez créer vos protections lavables ou les acheter à un-e artisan couturier-e local-e.
Devenir autonome, c’est pouvoir faire l’expérience d’une libération et de plus de créativité. C’est vous qui découvrez votre corps, vous qui créez votre propre méthode, vos petits rituels et habitudes pour vous sentir bien chaque mois.
Le flux libre instinctif
Le terme est né aux Etats-Unis, et décrit un mouvement d’autonomie, le « free flow instinct ». C’est avant tout une capacité, un outil de plus pour les femmes, sans être une obligation. C’est ce que je souhaite partager avec vous ici, d’après ma propre expérience.
Le concept est simple : on s’entraîne à sentir quand il faut aller aux toilettes pour y faire couler un maximum de sang plutôt que dans la protection. Ca commence par décider de rester un peu plus de temps aux toilettes après avoir fait pipi et se détendre 1 ou 2 minutes. Le sang ne coule pas en continu mais plutôt par vagues. On peut aller aux toilettes toutes les heures, par automatisme, notament le jour le plus abondant, ou lorsqu’on sent que quelque chose se passe. On peut s’habituer à aller direct aux toilettes au lever le matin ou quand on se réveille la nuit.
L’entrainement est donc plutôt axé sur les sensations, les habitudes, la détente aux toilettes. La musculation du périnée n’est pas la clé, pas besoin de faire des efforts surhumains, pas de douleurs, au contraire, plus de douceur et d’écoute de soi.
Une fois que vous savez que c’est possible et que vous avez envie d’essayer. Vous pouvez y aller sans pression, on ne vise pas la perfection. Mettre un maximum de sang aux toilettes, selon les circonstances, ca sera beaucoup ou un peu. Certains moins le sang est plus liquide, certains moins ça marche à merveille. Certains jour on est chez soi, d’autres fois dehors et sans toilettes. La protection (serviette lavable est votre alliée dans ce chemin : elle vous protège si vous n’avez pas accès aux toilettes et souvent, pour ne pas avoir trop de lessive, elle nous motive inconsciemment à maîtriser le flux, à sentir les signaux du corps).
La première étape : enlever les protections internes : cup ou tampons, pour pouvoir sentir, voir, observer : comprendre et apprendre.
Devenir autonome, c’est augmenter ses propres facultés. En laissant de côté les protections internes, on commence à sentir ce qui se passe à l’intérieur – je ne parle pas des douleurs ! ça on les sent avec ou sans protection – je parle de sentir le flux de sang : peu à peu, on sent quand c’est le moment d’aller aux toilettes, et on peut ainsi évacuer proprement le sang et se rincer. Fini les odeurs, fini les couches collantes et humides sur la peau ou les tampons usagés si moches à voir. Le sang qui coule naturellement est propre et n’a pas d’odeur : on retrouve un rapport paisible avec ses règles et avec son corps.
Avec le temps, on finit par bien sentir et ne plus avoir besoin de protection – si on peut aller aux toilettes ou dans la forêt – ou alors juste une toute petite protection « au cas où », ou une grosse protection si on en a besoin (journée en ville, fatiguée, pas le temps…) : on est libres de faire comme on veut.
Le sang peut s’arrêter de couler la nuit, ou on se réveille quand il faut aller aux toilettes, ce qui est très pratique si on avait des débordements nocturnes avec l’ancienne méthode des serviettes jetables.
On peut toutes, sauf exception, apprendre à maîtriser l’écoulement des règles vers l’extérieur.
Comment j’ai découvert le Free Flow
J’ai commencé à me passer d’arsenal anti-règles sans savoir que c’était possible, c’était le simple hasard d’une sortie sans « équipement », une balade à la montagne et l’imprévu de mes règles qui arrive ! J’étais bien embêtée ce jour là de me retrouver dans la nature sans aucun tampon ni serviette. J’étais loin de chez moi, j’ai continué à marcher en espérant ne pas avoir trop de tâches.
Sans protection ou assistance, mon corps a pris le relais ; et au moment de rentrer le soir, là où je m’attendais à une énorme catastrophe rouge, il n’y avait qu’une petite tache. Je décidais donc de continuer l’expérience les jours suivants, chez moi, pour voir si cela continuait de fonctionner. Et ça a marché !
Dès lors, j’ai continué à me passer de protection. Je terminais mon master cette année là. Il me suffisait d’aller aux toilettes entre mes cours, dès que je le sentais nécessaire. Maintenant, au fil du temps ma maîtrise s’affine, je peux dormir sans aucune « protection » ni soucis (parfois en me levant une fois dans la nuit, les deux premiers jours).
Si j’écris cet article c’est pour partager mon plaisir de sentir et de développer une faculté personnelle et naturelle ! On a également une grande satisfaction à prendre le contrôle tout en apprenant à écouter son corps ! Enfin quelle liberté de n’avoir plus à se soucier d’acheter des produits, à les utiliser, à les avoir sur soi quand il faut…encore que, c’est quand même bien d’avoir des vêtements et sous-vêtements noirs à l’approche des règles, et idéalement, une protection lavable sous la main. Mais si on n’a rien de ça (petite robe blanche…), on aura moins de stress que quand on dépendait entièrement des protections.
Imaginez une société où les parents n’apprendraient pas à leurs enfants à se passer des couches, on devrait en porter toute notre vie ! Dans ce sens, les femmes adultes restent dépendantes un quart de leur temps, une semaine par mois, d’une industrie qui leur « facilite » la vie et leur enlève toute idée d’autonomie.
Ironie du sort, la faible musculature du périnée serait aussi liée à l’incontinence, un problème qui touche principalement les femmes ! Ainsi, après la ménopause, les protèges-slip sont parfois remplacés par des couches pour pertes urinaires ! Ces couches sont d’ailleurs vendues par les mêmes firmes, Procter&Gamble est propriétaire de Tampax, Always, Pamper’s, Tena (pertes urinaires)…
Il y a encore d’autres raisons (pratiques, philosophiques, politiques, écologiques, hygiéniques, économiques, sanitaires) d’apprendre à maîtriser ses règles mais je ne vais pas écrire une thèse ici, à chacune d’expérimenter elle-même, si elle en a l’envie ou la curiosité !
Comment passer à l’action?
Vous sentez que c’est possible (puisque d’autres femmes le font et ce ne sont pas des femmes formées de manière différente) ou vous avez a curiosité d’essayer
Vous ne vous mettez pas la pression, pas besoin de réussite à 100% dès le premier coup, et même jamais, en fait. C’est déjà génial d’évacuer la moité du sang aux toilettes, et pourquoi pas plus avec le temps.
Vous savez qu’il s’agit avant tout d’observation pour savoir quand aller aux toilettes. Le sang ne coule pas en continu mais par phases.
Vous pouvez imaginer que le corps est bien fait et donc qu’il doit y avoir un moyen à la fois doux, agréable, simple et efficace pour vivre cette fonction naturelle qui est les règles, sans besoin d’industrie ou de faire plein de lessives.
La méthode est simple:
Vous êtes chez vous ou dans un endroit tranquille équipé de toilettes, ou dans la nature.
Vous avez enlevé tampons et cups : pour sentir de plus en plus de choses et pour voir visuellement quand ça coule.
Vous réduisez les risques en portant des sous-vêtements noirs et un pantalon ou une jupe noire.
Vous ajoutez une petite protection (ou une grande protection si votre objectif est 100% observation du flux, sans chercher à maîtriser). La petite protection en tissu vous apporte de la motivation pour votre inconscient (votre allié car vous allez peut être penser à autre chose aujourd’hui quand même), l’idée est que vous soyez conscientes de n’avoir pas de protection habituelle valable, pour rester attentive et ne pas se relâcher totalement dans la protection. L’avantage « en plus » du tissu pour la méthode, c’est qu’on a moins envie de le tacher qu’une protection jetable.
Tout passe par l’observation et l’anticipation. Le but étant « d’attraper » les moments où le sang va sortir. On peut en prévoir (au réveil ou après une longue période assise) ou sentir quand « c’est plein » ou sur le point de sortir.
C’est juste au dernier moment que le périnée se contracte pour retenir lorsque le sang va sortir (sans exagérer, c’est pas du fitness), mais pas besoin d’aller jusque là. On peut anticiper en étant plus attentive aux sensations d’humidité ou de sang qui veut sortir (pour aller aux toilettes).
Vous profitez des passages aux toilettes pipi/caca pour rester un peu plus longtemps car le sang peut s’écouler quelques minutes après.
Si vous ne sentez pas grand chose, ou juste au cas où, vous allez aux toilettes un peu plus souvent, par exemple toutes les heures, et prenez le temps de vous relacher.
La nuit, vous allez aux toilettes dès que vous vous réveillez et le matin direct au réveil.
Vous pouvez noter vos ressentis, ce qui marche ou pas, vos progrès, vos envies, vos questions.
Il manque beaucoup de recherches sur le sujet, je ne peux parler que de mon expérience personnelle et de discussions avec d’autres femmes.
Il existe désormais le livre de Melissa Carlier « Le guide du flux libre instinctif « (Jouvence, 2021). Qui apporte plein d’éclairages sur pourquoi c’est possible, merci à elle d’avoir fait tout ce travail ! C’est aussi un super guide pour apprendre la méthode.
Et le périnée dans tout ça ?
Au début, je croyais que le muscle que j’utilisais était le périnée. Après avoir re-observé mon ressenti et discuté avec une amie étudiante en médecine, je pense maintenant que le périnée n’est pas fondamental dans la continence des règles. A mon avis, plusieurs muscles et autres éléments interviennent. C’est pourquoi je sens que le sang ne coule pas de manière continue mais par phases. L’utérus est fait de différents muscles, on l’appelle le myomètre, le sang est d’abord retenu en hauteur, puis, seulement au dernier moment, il dessend jusqu’au périnée, la porte de sortie. A ce moment, il ne faut pas attendre car le périnée n’est pas une porte blindée, il faut aller sans tarder aux toilettes.
Ainsi, après un passage aux toilettes, au bout d’une heure ou de plusieurs heures, vous sentez qu’il y a du sang à évacuer, de même que vous le sentez lorsque vous voulez faire pipi. À ce moment, allez aux toilettes et délassez-vous.
La nuit, le flux se met souvent au repos, de même que vous ne faites pas pipi au lit. Vous pouvez avoir envie de mettre un linge sur votre lit au cas où, ou du papier ou une autre faible protection. La capacité du corps et de l’apprentissage (demander à son insconscient de ne pas se tâcher) est impressionnante, par exemple, en dormant, quand j’étais ado et que j’utilisais des serviettes jetables, j’ai souvent taché le lit. Aujourd’hui, le sang est retenu et je l’évacue lorsque je me réveille la nuit ou le matin au lever. C’est comme si le sang coulait davantage quand il y a une protection, ça m’a beaucoup étonnée lorsque je l’ai constaté.
En moyenne, je dirais qu’il faut aller une dizaine de fois aux toilettes le premier et le deuxième jour, ou toutes les 1, 2 ou 3 heures, et les jours suivants ce sera surtout le matin au lever et en allant faire pipi.
J’ajoute qu’il n’y a pas d’odeurs, vu que le sang ne macère pas dans du plastique, ce qui est très agréable par rapport aux serviettes dites « hygiéniques ». Pour moi, ce qui est magnifique avec cette méthode, c’est que le sang reste propre, au lieu de devenir un déchet sur un tampon ou une serviette.
Est-ce dangereux?
Vous pouvez vous demander si c’est dangereux, j’ai posé la question à ma gynéco, elle a dit que je musclais mon périnée ce qui est était une très bonne chose. Pour ma part, je considère que retenir son sang quelques heures, n’est pas plus grave que de retenir son pipi. Dans les tampons et les mooncup le sang reste également dans le corps et beaucoup plus longtemps. D’autre part, si les muscles le permettent, de manière naturelle et sans efforts (si ce n’est un effort culturel) alors je ne vois pas de danger, et même au contraire, nos capacités sont là pour être utilisées !
Enfin, cela évite d’introduire des objets qui peuvent ne pas être totalement propres dans son corps. Cela évite aussi d’avoir en soi, pendant des heures, des tampons blanchis au chlore et laissant des résidus de dioxine (considéré comme cancérigène par l’OMS) ou du silicone pour les coupes menstruelles. Ces substances sont accumulées dans le corps car les muqueuses du vagin sont très absorbantes.
Reprenons le contrôle de notre corps
Vous verrez qu’en testant vos capacités, vous les développerez. Vous affinerez vos sens et votre perception, ainsi que la connaissance et la maîtrise de votre corps. C’est aussi un peu d’amour que vous vous donnez : les femmes ont leurs règles et ce n’est pas une maladie ni une faiblesse. Cela peut devenir un moment intéressant, un moment beau, un moment où l’on est fière de découvrir ses capacités ou d’expérimenter quelque chose de nouveau.
Ne laissons plus les industriels gérer notre corps, reprenons le contrôle !
(article revu et originalement publié sur l’ancien blog de Léna Abi Chaker : voir free flow instinct ou flux instinctif libre)
— Notes —
1 Histoire médicale de la menstruation à la Belle Époque, J-Y Le Naour et C Valenti.
2 History of underwear, Mike Repplier.
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